En 1991 Noëlle Renaude écrivait Blanche Aurore Céleste pour la scène (éditions THEATRALES), une histoire d’amour pleine de couleurs, de rencontres et de ruptures.
Blanche Aurore Céleste, c'est l'histoire d'une soif inextinguible d'amour, une fuite en avant rocambolesque et mélancolique. C’est une femme mûre qui se souvient. Elle a cherché toute sa vie son grand amour et en a essayé plusieurs. Elle nous raconte sa vie de femme libre et nous croque tous les hommes qu'elle a connus, dans un récit pathétique et loufoque.
C'est peut-être aussi un rêve d'amour. Bercée par les goualantes du poste de radio, Blanche Aurore Céleste songe aux hommes qu'elle voulait aimer. L'imagination et le coeur à vif, elle brode et enchaîne ses histoires.
Tout est vrai : elle veut l'amour, elle le cherche, elle l'invente, elle crée l'Amour qui la prend alors par la main et l'entraîne.
Tout est rêve : Blanche Aurore Céleste rêve ses aventures et son amour impossible pour le cousin Marcel qui n'est jamais là. Reste le besoin d'aimer, l'appel vers l'amant idéal, quelques moments d'hésitations chez elle qui pourraient nous faire croire à sa vérité. Tout est faux sauf l'écriture ardente et directe de Noëlle Renaude.
Blanche Aurore Céleste nous parle d’amour, de l’amour d’une femme pour chacun des hommes qu’elle aime tour à tour. Elle donne à chacun, pour un jour ou pour toujours, son coeur, sa peau et ses os. Elle n’est pas une collectionneuse ou une insatiable, c’est une idéaliste qui garde l’espoir de trouver l’homme de sa vie.
A un moment de son histoire, elle récapitule en une sorte de mille e trè :
« Je fis une liste. C‘était brillant. Joujou avait six gosses. Jules était mort. Mario aussi. Pyrame de même. Paulo marié. Emile à l’hopital. Une histoire de vessie. Prosper futur papa. Eugène dans le coma, après un accident de taxi. Sélim expulsé de France. Planton de Suresne seulement. Il était, me dit-on, dans un asile sinistre. Lui, le voyageur. Albert, ça ne m’étonna pas, avait réépousé sa femme. Jeannot, en plus des paniers, peignait maintenant des abat-jour et vivait dans les collines avec une brune qui venait d’être grand-mère. Victor avait deux ulcères. Quant à Nico il avait gagné trois cent francs au loto. Le plus beau, c’était Toto. Lassé de vivre avec son double tatoué sur l’épiderme, il avait fait gommer l’intrus. Il était maintenant rouge vif, l’opération ayant raté. On envisageait sérieusement une greffe. On cherchait des donneurs. Je me sentais bonne. Anonymement, j’offris dix centimètres carrés de mon dos à Toto, bien qu’il n’eût jamais pensé à me donner quelque chose.
J’oublie l’Américain, il était chez les fous.
Marcel était en Chine. Marcel était au pôle. Marcel était sur mer. Marcel était ailleurs. »
Le spectacle s’ouvre : « La nuit je fais des rêves, le dernier c’était Amédée ».
Un parquet indique l’espace des rêves de Blanche. Elle se jette toute entière dans chacun. Sur ce parquet, elle danse une ronde, une chaîne anglaise, saisissant chaque main tendue, elle y trouve l’équilibre et la force qui va l’entraîner vers la main du cavalier suivant. Elle tourne, tourne, donne et donne plus qu’elle ne reçoit. Elle croise celui avec lequel elle fera juste quelques pas, et celui qui lui fera faire tout un tour de piste. Mais qu’importe, dans ses bras, c’est le bon, pour cette fois !
Sa petite musique jouée par un lutin, l’entraîne sur la plage, sous un chapiteau, dans un bal pour dames mûres et jusqu’au bout du monde. Les notes de la clarinette, du violon et de l’accordéon s’égrainent, le temps passe, les cheveux blanchissent. Le temps s’étire ou se précipite, repose ou rugit.
Des rayons de lumières colorées ponctuent l’espace.
Sur une petite estrade, le lutin joue sa musique.
Derrière le paravent de Blanche, Céleste se change, Aurore tourne les pages de sa vie.
Une « Blanche troublante », selon Noëlle Renaude, et « une des meilleures » qu’elle ait vu en scène !